Grand débat national sur la transition écologique : l’esprit munichois ?
Grand’messe, ce lundi 11 mars à l’invitation du gouvernement : conférence nationale thématique sur la transition écologique, au ministère du même nom… Entourant les ministres DE RUGY et BORNE, la secrétaire d’État Emmanuelle WARGON et, en fin de journée, primus inter pares, le Premier d’entre eux, Édouard PHILIPPE, une cinquantaine d’acteurs présents. Ils représentaient des ONG, des associations d’élus, des organisations syndicales de salariés, d’éminents « experts » et militants de cette transition verte…
Avec @FdeRugy nous avons ouvert ce matin au @Min_Ecologie la conférence nationale sur la transition écologique : les acteurs de la société civile au cœur du #GrandDébat pour apporter leurs propositions et leur expérience à ce grand exercice démocratique. pic.twitter.com/68lmq8eM34
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) March 11, 2019
Oui, ils étaient tous là… Tous ?
N’aurait-on pas « oublié » quelques acteurs concernés par le sujet ?
N’aurait-on pas omis de demander l’avis, par exemple, de professionnels déjà engagés, de façon volontaire, dans la transition énergétique ?
N’aurait-on pas laissé de côté ceux dont le travail au quotidien, la valeur ajoutée économique, l’imagination concrète et, pour tout dire, le courage, financeront les belles idées que d’autres élaborent sous les ors du Palais de Roquelaure ?
D’aucuns vous diront que tous ceux qui comptent sur ce dossier étaient là… Modèle réduit du Conseil national de la transition écologique en somme !
Les professionnels du transport et de la logistique n’étaient pas conviés. Les puissants décident. Les professionnels paieront. Caractéristique d’une forme d’esprit munichois où jadis, en Bavière, au nom de l’intérêt supérieur du collectif, celui de la paix, quatre puissances européennes décidèrent du sort d’une autre, la Tchécoslovaquie, sans que leurs représentants fussent invités à donner leur avis… !
Au nom de la transition écologique, on a donc décidé, en haut lieu, que transporteurs et logisticiens n’avaient pas à participer à cette journée de réflexions et de propositions au sein des cinq groupes thématiques dont l’objet étaient de cartographier les consensus et les dissensus sur quinze sujets, parmi lesquels la fiscalité écologique, les mobilités alternatives ou encore le financement de la transition écologique.
Comment ne pas être choqués quand on sait que dans ce cadre, les participants au groupe de travail sur l’énergie et la mobilité sont par exemple tombés d’accord sur la nécessité de « remettre l’écotaxe » ? Mais les intéressés, ceux qui seront soumis à cette écotaxe si généreusement proposée par celles et ceux qui, en tout état de cause, ne seront pas concernés, qu’en pensent-ils ? Quelles propositions font-ils ? Que veulent-ils ? On s’en moque !
Munich, je vous dis !
Affligeante journée ! Comment réaliser une transition écologique sérieuse, sereine, débarrassée de dogmes punitifs ou des tropismes taxateurs, sans y associer les représentants du transport et de la logistique ?
Une forme de logique de simple bon sens nous échappe…
Choquant, oui, à plus d’un titre quand on sait que sur ce thème, toutes les organisations professionnelles du transport ont travaillé sur des propositions concrètes manifestant ainsi l’engagement du transport routier dans la transition écologique.
L’OTRE a rédigé et proposé sa contribution citoyenne sur ce thème précis. Bien en amont d’ailleurs, elle avait déjà saisi les services du Premier ministre lui proposant la négociation d’un accord de transition énergétique pour le transport routier (transport lourd et léger) engageant l’État, les collectivités territoriales et l’ensemble des acteurs de la filière. Plusieurs mois plus tard, elle n’a toujours pas été honorée d’une réponse…
Lettre ouverte du #transportroutier au Premier Ministre @EPhilippePM@Elisabeth_Borne, @_OTRE_ n’appelle pas à manifester aujourd’hui. Ttefois, exige du @gouvernementFR réponse urgente et précise aux revendications de la profession.https://t.co/TdlREYWVIL@CPMEnationale @medef
— OTRE (@_OTRE_) November 20, 2018
L’OTRE est pour cette transition écologique. Elle n’a jamais varié sur ce point : préserver la planète (puisque c’est de cela qu’il s’agit) est un engagement majeur. En effet, l’engagement du transport routier dans la transition écologique ne doit pas se résumer à des contraintes et à des échéances qu’on lui impose alors même que les autres acteurs ne s’exposent qu’à des engagements non contraignants.
Faire autrement ne peut que conduire à un échec.
Philippe BONNEAU