Clémént Verdié, président du conseil de métier transport de voyageurs, interviewé par News Tank Mobilités sur la décarbonation du transport routier
27 novembre 2024

« Nous sommes face à un dilemme qu’on ne peut pas résoudre seul, sans prendre des risques inconsidérés pour nos entreprises. Le dilemme est le suivant. Soit on investit dès maintenant dans des véhicules électriques, au risque de ne pas pouvoir les commercialiser en raison d’un coût trop élevé et des infrastructures d’approvisionnement insuffisantes. Soit nous continuons d’acheter des véhicules thermiques et risquons de nous retrouver dans l’incapacité de les amortir avec l’arrivée progressive des véhicules électriques »
La décarbonation du transport routier nécessite des investissements plus conséquents dans les véhicules de nouvelle génération (HVO (Huile végétale hydrotraitée), biogaz, GNC (Gaz naturel comprimé), électrique, rétrofit…). Toutes les entreprises ont- elles les moyens de financer ces investissements et à quelles conditions ?
Nous avons besoin de plus de visibilité pour sécuriser nos investissements. La durée de vie d’un autocar est en moyenne de 15 ans. C’est-à-dire que l’autocar acquis aujourd’hui en 2025 devra être utilisé jusqu’en 2040 pour être amortir. Quand nous répondons à un appel d’offres ou achetons un car de tourisme aujourd’hui, les seules motorisations techniquement et économiquement viables sont des motorisations thermiques, bio GNV (Gaz naturel pour véhicule) ou bio gazole, ce sont tous des véhicules thermiques. Mais ce véhicule thermique, plébiscité aujourd’hui, en raison de ses bonnes performances à court terme, que deviendra-t-il dans 5 ou 10 ans quand le marché sera dominé par les véhicules électriques ou quand les ZTL (Zone à trafic limité) en centre-ville empêcheront de les utiliser ? Nous sommes face à un dilemme qu’on ne peut pas résoudre seul, sans prendre des risques inconsidérés pour nos entreprises.