La semaine passée nous évoquions la rentrée avec la question de savoir si elle serait différente des autres. Assurément, elle l’est tant les événements et les débats de l’été furent passionnés autant qu’angoissants. Les événements de Nice et de Saint-Étienne-du-Rouvray ont été les points d’orgue, cette fois encore, de la nouvelle ère dans laquelle notre société est entrée. Une époque que tous les marqueurs de la peur, des dérives et des fantasmes qui vont avec, viennent parfois troubler le raisonnement quand ce n’est pas le comportement en même temps que l’économie… Tout est dans tout et tout est un !

L’Histoire ne se répète pas, écrivait MICHELET, elle bégaie. Il n’est que de faire un retour de moins de cent ans en arrière pour trouver des similitudes de situations politiques, économiques et sociales déjà vécues par notre pays…

Le contexte présent n’est pas sans conséquences sur l’ensemble de l’activité économique en général et sur le transport en particulier. S’il n’influe pas directement, il instaure un climat dont on sait qu’il est nécessairement nuisible aux échanges, qu’ils soient humains ou économiques même si les deux sont intimement mêlés.

Le 6 septembre dernier, le ministère du Développement durable a publié une note statistique sur le transport en 2015. Une année assez noire pour le transport routier, même si le début de 2016 s’annonce plus prometteur.

Selon le bilan publié par le SOES (service statistique du ministère du développement durable), 2015 n’est pas vraiment un grand cru :

Le transport routier de marchandises est en baisse de 2,5 % du fait du recul de 5,7 % du pavillon français, alors que le pavillon étranger progresserait de 3 %.
Le volume d’activité (en t-km) réalisé par les véhicules de plus de 3,5 tonnes immatriculés en France se contracte de 7 % en 2015, (- 9 % pour le compte d’autrui, + 0,7 % pour le compte propre) après un recul de 3,8 % en 2014. En revanche, le transport de marchandises par véhicules utilitaires légers (13,6 % du pavillon français), s’accroîtrait de 2 %.
Le transport national mesuré en t-km fléchit de 6,5 % : l’activité sur moyenne distance recule de 4,9 % en 2015 ; celle sur petite et sur longue distances plus fortement, - 8,7 % et - 8,5 %.
Seul élément positif : les premières données sur 2016 montrent que le TRM français se redresse. Au premier trimestre, l’activité des véhicules immatriculés en France de plus de 3,5 tonnes augmente de 4,1 % par rapport au trimestre précédent, plus fortement pour le compte d’autrui (+ 15,4 %) que pour le compte propre (0,7 %).

L’OTRE, comme toutes les organisations professionnelles et les groupements, se penchera sur ces statistiques pour les analyser et en tirer un certain nombre d’enseignements. Mais d’ores et déjà, ces statistiques du ministère du Développement durable viennent confirmer, s’il en était besoin, l’urgence de lutter encore et toujours contre la concurrence déloyale et le dumping social tant sur notre territoire hexagonal que dans le cadre européen. Les premières publications concernant 2016 sont-elles, de ce point de vue, un signe positif encourageant issu des mesures législatives et réglementaires mises en place grâce à la mobilisation de toute la profession et particulièrement de l’OTRE ? On peut le penser, à tout le moins elles ne peuvent qu’y contribuer.

Reste l’équilibre fragile de la situation. La sueur de celles et ceux qui au quotidien se battent pour développer ou tout simplement maintenir l’activité de leurs entreprises en témoigne. Efforts et volonté souvent contrecarrés par des événements sur lesquels ils n’ont nulle prise comme en témoigne le désarroi des transporteurs en calaisis, victimes directes de dérèglements géopolitiques pourvoyeurs de flux massifs de migrants ces derniers adoptant les lois de leur lieu de vie : celles de la jungle ! Comme si la sueur se heurtait au sang et aux larmes. À moins que ce ne soit tout un !

L’urgence à agir n’est même plus une demande : c’est une évidence ! Les défis à relever sont colossaux. Certains n’en ont cure. D’autres, ce qui est pire, ne les voient pas ou feignent la cécité. L’année électorale qui s’ouvre sera l’occasion de rappeler les uns et les autres à leurs responsabilités en espérant qu’il ne soit pas trop tard…

Téléchargez l'article en PDF : Download PDF