Europe : Tous en scène !

Voilà, c’est pratiquement fait : l’Union Européenne devrait, à la fin de cette semaine, disposer de l’intégralité des titulaires aux postes stratégiques et politiques de l’Union Européenne. Base d’un accord difficile à obtenir entre les pays membres, ces désignations marquent un retour en force des pays de l’Europe de l’Ouest aux postes clefs.

 

Ainsi, outre la féminisation (remarquable !) des deux fonctions les plus politiques de l’UE, une allemande remplace un luxembourgeois à la présidence de la Commission : Jean-Claude JUNKER cède son confortable bureau bruxellois à l’actuelle ministre de la défense allemande, Ursula van der LAYEN.

 

À Francfort, à la Banque centrale européenne, la française Christine LAGARDE succèdera à l’italien Mario DRAGHI. Cette fonction éminemment stratégique entraine de droit de présider le Conseil des gouverneurs et le directoire de la Banque centrale européenne.

 

Allemagne et France reprendraient-ils l’avantage ? N’y aurait-il pas volonté de la part des gouvernements de ces puissances européennes fondatrices de l’Europe communautaire, de revenir aux fondamentaux européens pour éviter certains errements passés ? Ou bien sommes-nous tout simplement dans une phase politique classique d’opposition aux populismes triomphants dans certains pays de l’Union Européenne ?

 

Les deux sans aucun doute.

 

Synthèse et affichage confirmés quand on découvre les deux autres nominations de « l’exécutif » européen. Ainsi le polonais Donald TUSK passe son fauteuil de président du Conseil européen au très libéral, Charles MICHEL, le premier Ministre de la Belgique.

 

Quant au Haut responsable des Affaires étrangères de l’Union, c’est le socialiste espagnol Joseph BORREL, actuel ministre des affaires étrangères d’Espagne, qui remplacera donc l’italienne Federica Mogherini.

 

Il flotte comme un air de résistance… C’est le sentiment qui semble avoir présidé aux très longues discussions nocturnes des chefs d’État et de gouvernement de l’UE du 1er juillet… Et au plus haut niveau les oppositions entre pays de l’Alliance et groupe de Visegrad (avec le renfort de l’Italie) se sont une nouvelle fois manifestées… Et ça n’est sans doute pas terminé.

 

Le parlement a élu son président dans l’après-midi de ce 3 juillet : un italien opposant à Rome du gouvernement populiste : David SASSOLI qui pour deux ans et demi assumera cette tache avant de céder sa place, pour la même durée, à un élu de la droite européenne issue des rangs du PPE, le groupe majoritaire au parlement européen.

 

Ensuite, les commissions thématiques devront se constituer. Dans le droit fil de cette stratégie politique que semble s’être fixés les États de l’Alliance, dépassant même les appartenances politiques, il sera intéressant de voir quels seront les titulaires des présidences. On s’intéressera particulièrement à la Commission transport. À suivre…

 

Compromis en toute chose pour assurer les équilibres politiques. Mais on l’a bien senti : une forme de résistance s’organise face aux nationalismes économiques de certains pays d’Europe Centrale et de l’Est qui souhaitent détricoter l’harmonisation sociale européenne en construction. Les discussions de la précédente mandature à Strasbourg l’ont bien démontrées, notamment sur les dossiers transport routier. Sans aucun complexe des thèses d’ultra libéralisme voire de contournement de la règle pour mieux organiser la concurrence déloyale ont été soutenues. Sur ces sujets, comme sur d’autres, les discussions devront reprendre une fois la phase d’installation des organigrammes européens terminés.

 

Mais l’expérience passée est riche d’enseignement et les pays de l’Alliance ne souhaitent plus rester l’arme au pied. Reste qu’entre les intentions et la réalité il y a parfois… un abime !

 

La Finlande exerce depuis le 1er juillet 2019, jusqu’au 31 décembre, la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, après la Roumanie (premier semestre 2019) et avant la Croatie (premier semestre 2020). La Finlande sera ainsi la première présidence à mettre en œuvre les priorités fixées par les chefs d’État ou de gouvernement en juin dans le cadre du programme stratégique de l’Union 2019-2024.

 

Les acteurs sont (presque) tous en place. À quoi assistera-t-on ? Comédie ? Théâtre de boulevard ? Drame ?

 

Sur fond de Brexit, le ton sera vite donné. Mais les enjeux sont énormes !

 

Philippe BONNEAU

 

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