Élections européennes : le jour d’après…

 

La séquence électorale de l’élection européenne est maintenant terminée.

Pendant quatre jours (du 23 au 26 mai) les citoyens de l’Union européenne ont voté. 427 millions d’électeurs étaient appelés à désigner 751 députés pour une neuvième mandature du Parlement européen de Strasbourg. Avec un tel corps électoral, le scrutin européen est le deuxième plus important au monde, derrière les législatives en Inde.

 

Vingt des vingt-huit pays membres de l’Union ont vu leur électorat se mobiliser davantage en 2019 qu’en 2014, comme en France (+ 8 points), avec des gains parfois impressionnants, à l’instar de l’Allemagne (+ 13,4 points), en Roumanie (+ 16,6 points) ou encore en Pologne (+ 19,2 points)…

 

Qu’on le veuille ou non, c’est le signe d’une prise de conscience de l’enjeu majeur que constituait cette élection. Cet enjeu que l’OTRE n’a pas cesser de mettre en exergue durant toute cette campagne.

 

Et maintenant ?

L’analyse des résultats marquent objectivement deux tendances fortes dans toute l’Europe : d’abord le déclin des partis traditionnels et ensuite une forte poussée « Verte » d’un côté et « Centre-Libéral » de l’autre. Ceci se traduit très nettement dans la nouvelle composition de l’assemblée européenne. Le groupe des conservateurs (Groupe du parti populaire européen – Démocrates – Chrétiens – PPE) perd 42 sièges (217 à 175 dont 8 français LR) alors même que le Groupe des députés centre et libéraux (Groupe alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe)  en gagne 41 (68 à 109) dont 22 français (LREM). Le groupe Social – Démocrate (Groupe de l’alliance progressiste des socialistes et démocrates)  perd 38 sièges (186 à 148 dont 6 français PS) alors que les Verts – Écologistes (Groupe des verts / alliance libre européenne) s’accroît de 25 députés (52 à 77) dont 12 français (EELV).

 

L’extrême droite (Groupe Europe des nations et des libertés) maintient le nombre de ses députés européens : ils étaient 116 dans la précédente mandature ; ils seront 115 dans la nouvelle (-1 siège) dont 23 français (RN).

 

C’est dans ce parlement ainsi renouvelé, où la domination des groupes politiques dominants depuis 40 ans (socialistes et démocrates – chrétiens) s’émousse au profit d’élus à la vision politique de l’Union plus « écologiste » et plus libérale, qui devra statuer sur le Paquet Mobilité dont les atermoiements et les oppositions radicales des représentants des pays de l’Europe centrale et de l’Est ont laissé en plan… La détermination de ces derniers à Strasbourg ne sera pas moins grande après le vote de dimanche où ils sont arrivés en tête dans leur pays respectif (Hongrie, Pologne, Roumanie) dans le cadre d’une mobilisation très forte de l’électorat…

 

À l’aune de ces résultats, l’enjeu sera tout aussi capital en France, notamment à l’Assemblée Nationale dans le cadre de la discussion de la loi d’orientation des mobilités (LOM). Car outre le résultat dans les urnes qui l’a incarnée, l’urgence climatique est un leitmotiv programmatique qui va de l’extrême droite à l’extrême gauche. Or qui dit urgence, dit mesures urgentes surtout quand ces questions deviennent… électoralistes ! Et nous y sommes… Force reste à la loi, dit-on. Sans doute ! Encore faut-il, qu’une fois de plus, les transporteurs ne deviennent les variables d’ajustement des mesures punitives qu’on voudrait mettre en place pour « défendre » l’environnement. La politique du « bouc émissaire » n’est jamais la bonne !

 

L’OTRE n’a pas attendu pour se mobiliser et a fait des propositions concrètes conciliant équité fiscale, financement des infrastructures et préservation de l’environnement. Cette proposition originale de l’OTRE c’est celle des amendements dits « Eco-Transport » à l’occasion des débats sur la loi d’orientation des mobilités (LOM), soutenus à la fois par des députés de la majorité et de l’opposition.

 

Ces amendements visent une approche innovante et écologique au service de la transition énergétique et du report modal.

Du Grenelle de l’environnement aboutissant à l’Écotaxe, aux assises de la mobilité, les orientations politiques prises ou envisagées ont systématiquement imaginé des mesures visant à taxer directement les propriétaires de poids lourds, avec une volumétrie kilométrique, sans pour autant répondre à la question environnementale, mais uniquement à la question d’un financement supplémentaire pour les infrastructures. Il ne s’agit là que d’une mesure punitive pour le transport français. La taxation des poids lourd au kilomètre ne changera rien au comportement des donneurs d’ordres et n’aura aucun impact sur la transition énergétique et la préservation de notre planète puisque non valorisée.

 

« S’inspirant du dispositif d’Eco-Emballage, Eco-Transport instaure le principe d’une contribution des donneurs d’ordre en fonction de la volumétrie des gaz à effet de serre (GES) du transport qu’ils ont commandé. Ainsi, ils seront motivés à choisir les solutions les plus vertueuses tous modes de transport confondus, à mettre en valeur les sociétés de transport innovantes sur un plan environnemental, à favoriser les énergies alternatives au gazole et le report modal et à ralentir leurs fréquences de livraisons urbaines. »  c’est en ces termes que l’OTRE s’adressait aux députés le 23 mai dernier.

 

C’est l’équité qui légitime cette proposition.

Le climat est l’affaire de tous. Sa préservation aussi. S’il y avait un seul message à retenir de cette élection européenne ce serait bien celui-ci !

 

Philippe BONNEAU

 

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